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Sous le vieux frêne...
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6 décembre 2007

Une certaine élégance...

afrique_03

source image :www.lafilleduperenoel.net dans le blog de

Muriel Barbery.

Un soir de la semaine dernière, alors que je veillais sur le sommeil de mes deux petites filles, j'ai, comme d'habitude, regardé sur les étagères de la bibliothèque, à la recherche d'un nouveau livre à lire.

"L ÉLÉGANCE DU HÉRISSON" de MURIEL BARBERY , dont j'avais beaucoup entendu parlé a attisé ma curiosité, et après quelques pages un peu difficiles , je suis tombée dans la spirale des mots sans pouvoir m'en arracher. A leur retour, je savais que je n'arrêterai qu'à la fin, sans sauter une seule ligne.

Il m'a fallu plusieurs soirs pour en arriver au bout, et à chaque fois le même bonheur, à chaque fois seul le sommeil me faisait quitter le livre.

Bien souvent il m'arrive d'être déçu par la littérature "à la mode",  dont on parle beaucoup : Pas assez intellectuelle peut être, pas assez d'études sans doute, pour, à chaque fois capter le sens des phrases écrites de façon trop hermétique, ou c'est l' écriture qui ne me captive pas, ou le sujet. Je suis une amoureuse des mots qui chantent et des phrases savoureuses et odorantes des livres de Colette, Giono, par exemple, ou dans les écrivains d'aujourd'hui, de Philippe Delerm.

Là, rien de tout cela. Juste les mots qu'il faut, vrais, durs, la vie dans sa cruauté et sa crudité.

Pourquoi je l'ai tant aimé ce livre ?

Sans doute parce que je me suis retrouvée un peu dans Mme Michel, bien que je ne sois ni concierge, ni si laide dans mon apparence. Je suis quelqu'un d'ordinaire, très ordinaire, un peu de son âge (même plus vieille), mais j'ai moi aussi ce niveau d'études simplement secondaires, qui fait que "penser n'est pas pensable" de votre part pour ceux qui "savent". Je n'ai même pas l'argent qu'il faut pour passer outre ce jugement des apparences. Je n'habite ni dans un château ni dans le 16ème.

Mais il y a Paloma, la petite fille riche et malheureuse, me direz vous ... Alors l'argent n'a rien à voir avec tout ça ? Non justement, et c'est bien là que les apparences font souvent "tout", nous empêchant de voir ce qu'il faudrait...

Comme bien d'autres adolescentes sans doute,J'ai été aussi la petite Paloma,(sauf que j'étais d'une intelligence normale, et que je n'ai jamais voulu mourir)  doutant de ce qu'elle voit et de ce qu'on lui présente comme unique référence de vie, et surtout comme la seule valable. J'ai regardé moi aussi les adultes avec un oeil ironique ou franchement désapprobateur... J'ai appris toute seule, comme tout le monde, en souffrant, en me trompant, en vivant....

J'ai été Paloma, même si mon papa n'était pas ministre de l'état, mais agriculteur, et moi aussi en tant que "fille de" j'aurai dû être et penser comme les apparences sociales le laissait à imaginer... J'étais un petit hérisson qui se cachait pour rêver, et plus tard, j'ai souvent dû ressembler à ce petit animal tout hérissé de piquants pour mieux se protéger  !!!

Renée la concierge, Paloma la petite fille riche, elles nous ressemblent tant, elles sont ce que sont trop souvent nos vies fondées sur ce roc qu'est l'apparence et l'appartenance à une classe sociale.

Et comme il n'y a pas toujours un "Monsieur Ozu" pour vous regarder en transparence, j'aime à imaginer que la belle leçon qu'il faut tirer de cette lecture, c'est qu'il faut toujours oser être soi-même, sans attendre de mourir d'ennui, sans attendre le prince charmant qui verra derrière la Cendrillon, la princesse qui sommeille en nous.... Pas la princesse des papiers glacés, non, la princesse qui est en nous quand nous sommes en accord avec notre vie et nos pensées.

Et ne nous enfermons pas sous nos piquants, bien roulés en boule, mais au contraire soyons ouverts aux autres, si nous les aidons, ils nous aident aussi terriblement à vivre bien.

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Commentaires
P
ça alors, bourricot comme ton père ! Mais qui leur dit cette bêtise. Je n'ai jamais eu l'impression que mon gendre était ainsi, sinon, il ne réussirait pas dans son travail, ni sa famille. Je crois que là, nous sommes en plein dans le livre : J'ai entendu ses parents se dévaloriser uniquement parce qu'ils sont arrivés en France il y a un peu plus de 30 ans , sans parler un mot de français, et sans rien, animés uniquement par la volonté de sortir de la misère dans laquelle était plongé leur pays.<br /> Aujourd'hui pourtant, leurs enfants ont tous un travail, une maison, ce qui n'est pas le cas de tous les "français de souche".. Vraiment, nous sommes dedans, en plein dedans ce cas de figure.<br /> Mes petits fils, au sang mi français, mi portugais, me semblent très intelligents, et je crois pas que pour eux, cette souffrance de n'être pas "conforme au modèle" se fera sentir de la même façon. Les temps changent, il faudra bien apprendre un jour que le cerveau des humains, leur coeur, n'ont rien à voir avec leur pays d'origine.J'ai cet espoir. Mais il faudra aussi que les gens concernés sortent de leur prison des apparences et osent rentrer leurs piquants de herissons qui leur servent si bien à se protéger contre les idées toutes faites des autres.
M
Je n'ai pas lu ce livre mais il a l'air vraiment bien ! Je suis souvent outrée d'entendre des personnes autour de moi dire à leurs enfants ou aux miens d'ailleur "tu seras bourricot comme ton père", "tu seras comme-ci comme ta mère". Concernant les diplômes, ce qui compte ce n'est pas d'en avoir ou pas mais d'être LIBRE de ses choix (bon je sais ce que je dis là je ne le dirais certainement pas à mes enfants tout de suite compte tenu du contexte économique)!
F
J'apprécie beaucoup ton analyse de ce livre, je ne l'ai pas lu... un peu pour les mêmes raisons que toi... mais finalement il faut savoir au delà de nos à priori...<br /> Tu as une bien belle plume, digne des intellectuels et des diplomés... tu me donnerais envie de le lire celui-là !
Sous le vieux frêne...
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